Paroles d’expert : Nicolas Caplat

CG Supervisor et 3D graphic designer

Fort de près de 20 ans
d’expérience dans l’imagerie 3D, Nicolas Caplat a d’abord fait ses armes en
tant que free-lance, notamment pour le luxe, les cosmétiques, l’événementiel,
ou la visualisation architecturale. Expert 3ds Max et V-Ray, Primary Certified Instructor
sur Corona, il a été en charge pendant 5 ans du département 3D d’Intangibles
Assets Design
, une agence parisienne de design spécialisée dans le domaine du
retail.

Le retail est un domaine
qui connait une mutation profonde depuis quelques années. En quoi la 3D
a-t-elle servi et accompagné l’évolution de ce secteur ?

La
3D est devenue une alliée précieuse pour les créatifs et les clients, pour les
assister dans le développement des concepts. Avec une approche réaliste des
éclairages et des matériaux, ainsi qu’avec une multiplication des previews au
cours du développement, il est beaucoup plus facile de se projeter et d’opérer
les ajustements nécessaires en amont de la mise au point et de la construction.
La cerise sur le gâteau, c’est quand un client fait remarquer après l’ouverture
de son magasin, qu’en comparant les visuels 3D avec son magasin physique, le
résultat est conforme à ce qui lui avait été “vendu”. Là, c’est mission
accomplie.

En
outre, l’évolution des outils conjointe à celle du matériel a permis, selon
moi, un traitement beaucoup plus abouti des problématiques inhérentes au
retail, qu’elles soient liées à l’agencement ou au merchandising. Une approche
aboutie du second, par exemple, implique la gestion d’une grande quantité
d’objets et et de maps … il y a 15 ans, il aurait été très compliqué, voire
impossible, de gérer des scènes aussi complexes.

Vous avez travaillé pour
différents secteurs en dehors du retail, comme le luxe, l’événementiel,
l’architecture et la promotion immobilière : lequel avez-vous trouvé le plus
enrichissant ?

Tous
les domaines pour lesquels j’ai travaillé ont contribué à me forger une solide
expérience. Mais le luxe et le retail généraliste ont pour moi des places à
part, à des niveaux différents.

Le
luxe tout d’abord, par ses aspects jusqu’au-boutistes: ce type de projets -et
de clients- encourage à pousser les techniques de modeling, de shading et de
lighting. Il y a bien souvent moins d’éléments à gérer, mais ils doivent être
traités de façon plus poussée, plus détaillée, notamment lorsque l’on souhaite
multiplier les close-ups pour valoriser certains aspects des projets. A ce
titre, j’ai particulièrement apprécié de collaborer il y a quelques années avec
le Studio Parisien, sur des projets pour Cartier, Bogh’Art ou Karl Lagerfeld.

Le retail ensuite, pour l’exigence que ce domaine requiert dans l’organisation et la gestion des scènes, ainsi que dans l’optimisation des moteurs de rendu. Quand vous travaillez par exemple sur un magasin tel que le Sephora des Champs Elysées, avec tous les produits, il est indispensable de rationaliser chaque aspect de la scène: une gestion des calques adaptée, une approche par XRefs, une utilisation intensive des proxies … pour ne citer que quelques axes d’optimisation. Faute de quoi, il est très facile de mettre n’importe quelle machine à genoux, aussi puissante soit-elle !

Quel regard portez-vous sur
l’évolution de la 3D depuis que vous créez des images et quelles seront, selon
vous, les prochaines étapes marquantes ?

En
deux décennies, la 3D s’est beaucoup démocratisée. Non seulement ses outils
sont devenus beaucoup plus accessibles, tant par leurs fonctionnalités que par
leurs tarifs, mais son utilisation s’est également banalisée chez les clients
comme en interne. Les images sont devenues une aide quasiment indispensable à
la prise de décision, ce n’est plus considéré comme un gadget.

D’un
point de vue plus technique, la généralisation du raytracing et la diversité
des moteurs de rendu, accompagné par la montée en puissance des machines, ont permis d’obtenir des images plus réalistes et plus rapidement que l’on aurait pu l’espérer au début des années 2000 !

Pour ce qui relève des prochaines étapes marquantes, je compte beaucoup sur les technologies de temps réel. La banalisation des IPR et du denoising dans les moteurs de rendu, l’arrivée récente de la technologie RTX de NVidia et les promesses de Intel Xe, laissent entrevoir des lendemains très prometteurs. En revanche, la VR me laisse perplexe, je suis beaucoup plus intéressé par l’évolution de l’AR. Les possibilités sont énormes,nous ne sommes pas au bout de nos surprises !