Parole d’expert : Léon Denise, technical artist free-lance

Diplômé de l’Institut de Création et d’Animation Numériques (ICAN) et de l’Ecole Supérieure de Génie Informatique (ESGI), Léon Denise s’est d’abord illustré en tant que graphiste 3D chez Lardux & Arte Creative avant de passer au développement de sites et jeux web. Aujourd’hui Technical Artist freelance, il met également son expertise au service de la demoscene et du shader coding.

Vous avez commencé par concevoir vos images en 3D pré-calculée puis vous êtes passé au temps réel. Pourquoi ce changement ? Que vous apporte le temps réel que vous ne trouviez pas dans la 3D « traditionnelle » ?

Le temps-réel est lié au jeu vidéo, à l’interaction, à la performance scénique. Cela permet pouvoir changer des images en 3D à l’aide de contrôleur, à la manière d’une télécommande ou d’une manette, ou des capteurs comme une caméra ou un microphone. On peut explorer et découvrir de nouveaux mondes et créer des systèmes génératifs qui produisent des comportements émergents.

Vous avez animé des nuages de points à partir de la photogrammétrie. Pouvez-vous nous parler de la technique et de votre démarche artistique ?

L’esthétique du nuage de point est fascinante car elle représente un volume à partir de particule. A la manière d’un grain de sable ou d’une goutte d’eau, on peut élaborer des règles simples qui vont faire émerger des comportements complexes. Ainsi, comme pris dans une tempête, les points s’animent dans un chaos collectif organisé.
Pour générer des nuages de points, j’utilise le logiciel Agisoft Photoscan. J’exporte la position, la couleur et la normale de ces points. Je charge ensuite ces données dans le moteur de jeu Unity3D et je crée procéduralement des particules à partir du nuage de point. Ces particules sont animées à l’aide de shaders qui changent la position et la vélocité de chaque point.
Ma démarche artistique est l’art de l’erreur. Elle est inspirée de l’expérience scientifique, de l’approche empirique, de la sérendipité. Je crée des outils qui permettent d’improviser, d’explorer et de découvrir de nouvelles manières de percevoir les réalités.

Vous avez remporté la finale de la Démo Party VIP avec votre projet “from brain with love”. Quelles ont été les principales difficultés de cette réalisation très technique ?

La principale difficulté a été de trouver le juste milieu entre esthétique et performance. En tant qu’artiste, on souhaite assouvir une vision, qu’importe le nombre de coup de pinceaux. Cependant en tant que programmeur, on désire optimiser le coût en performance du rendu. Il faut donc parvenir à faire des choix esthétique basés sur des contraintes techniques. C’est là l’essence même de l’art numérique en temps réel.