Parole d’expert : Nathanaëlle Picot, Présidente de Pixel n’ Pepper

Diplômée de l’école Marie Curie à Marseille, Nathanaëlle Picot est montée à Paris pour entrer aux Gobelins pour suivre une formation numérique Multimédia et Graphisme. Elle a débuté sa carrière de graphiste en projection monumentale en 1994. Les évolutions techniques liées à la projection l’ont faite passer du graphisme 2D à la vidéo puis de l’animation 2D à la 3D. Elle est aujourd’hui directrice de création et Présidente de Pixel n’ Pepper, entreprise créatrice de spectacles combinant mapping 3D, interactivité, mise en scène et animation 3D de personnages.

Vous avez participé à la dernière Fête des Lumières de Lyon. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce projet qui a été rendu au Ranch ?

La fête des Lumières de Lyon fonctionne par appel d’offre, on écrit donc un spectacle, et le soumet à l’équipe de la Fête des Lumières. Ils sélectionnent ensuite le projet qui leur convient le mieux. Nous avons proposé un spectacle sur le thème du cinéma pour le site principal de la Fête, la Places des Terreaux, où une petite fille et son chat rejouent les scènes emblématiques des films qui ont marqué l’histoire cinématographique mondiale. C’est un hommage irrévérencieux et un peu régressif au cinéma, à travers les yeux de cette enfant de 8 ans. Le challenge était de taille : créer un spectacle de 8 minutes entièrement réalisé en 3D, sur deux bâtiments distincts, mettant en scène deux personnages animés en 3D, et ce en moins de 2 mois !

Chez Pixel n’ Pepper, vous maîtrisez un large spectre de compétences artistiques et techniques. Quelle est la place de la 3D dans votre structure ?

Elle est majeure, nous ne travaillons désormais quasiment qu’en 3D, ce qui et devenu notre marque de fabrique. Nos compétences en animation destinée à la projection nous permettent de nous exporter dans le monde entier.
La difficulté principale est, qu’au contraire de studios travaillant pour la publicité, le cinéma ou d’autres médias, nous sommes contraints de travailler dans des résolutions gigantesques. La plus grande réalisée à ce jour étant de 28 000 pixels de large sur 1 080 de haut pour un décor 3D projeté à 360°… Dans des cas comme celui-là, la render farm est une obligation…

En 20 ans, la création d’images a beaucoup évolué. Selon vous, les progrès techniques permettent-ils mieux de servir l’artistique ?

Définitivement oui, avec juste un bémol sur le rétrécissement des délais de production, qui nous mettent de plus en plus en danger. Des services comme ceux de Ranch Computing deviennent de fait indispensables, investir nous-même dans une render farm avec son obsolescence rapide n’est pas accessible pour de petite structure comme la nôtre.